Nicolas VALDEYRON

et Charles CAMBE

avec la collaboration

du Club Archéologique

du Puylaurentais

Découverte

d'une épée de type Monza à

Viviers-les-Montagnes (Tarn)

Circonstances de la découverte

L'épée a été découverte en avril 1 996 par M. Julien Bel, dans des terres retournées un mois plus tôt à l'occasion du défonçage superficiel d'une petite bande de terrain laissée jusque-là en friche mais séparant diverses parcelles mises en culture. Elle reposait à la surface du sol, rejetée sur le côté, apparemment seule à l'exclusion de tout autre vestige archéologique. Les circonstances de la découverte telles qu'elles nous ont été relatées, ainsi que l'état de la lame qui semble avoir été récemment tordue (lors de l'exhumation?), montrent qu'elle était, au moment où elle a été ramassée, en position secondaire. La nature et l'ampleur limitée des travaux réalisés, ainsi que la conformation du terrain et du parcellaire, permettent cependant de circonscrire son lieu initial de dépôt à une zone de faible superficie, atteignant à peine 50 m2. Les vérifications au sol, effectuées en mai 1999 en compagnie de l'inventeur, n'ont pas permis d'obtenir plus d'informations sur un contexte archéologique rapproché qu'il conviendra de préciser ultérieurement.

L'absence totale de vestiges protohistoriques - seuls quelques galets aménagés ont été retrouvés - dans les champs accessibles et les vignes à proximité immédiate du lieu de découverte ne plaide pas cependant en faveur de l'existence, au moins sur cette partie du plateau, d'un établissement permanent d'importance même limitée. Cette assertion, qui reste la plus probable compte tenu de la nature exceptionnelle de la pièce mais qui demandera à être validée par une prospection plus systématique étendue à l'ensemble du site, nous incite à ce jour

à retenir préférentiel lement l'hypothèse d'un dépôt isolé, hors de tout contexte d'habitat. Si tel est le cas, il pourrait être particulièrement intéressant d'en localiser la position exacte, pour s'assurer de la présence d'éventuelles pièces supplémentaires.

Contexte géographique

Situé à un peu plus d'1 km au S.S.E. du village de Viviers-les-Montagnes, le plateau de Roumiguières, à l'extrémité nord orientale duquel l'épée a été découverte, est une petite surface tabulaire résiduelle dégagée dans les grès et les mollasses tertiaires bordant les séries métamorphiques de la Montagne Noire, dont les premières hauteurs sont distantes d'à peine 3 km. Dominé au sud par cette ultime retombée du Massif central, le site fait face, au nord, aux derniers entablements calcaires du causse de Labruguière, dont il est séparé par la vallée du Bernazobre. Large à cet endroit d'environ 1 km, cette vallée correspond en fait à un ancien lit du Thoré dont le cours, vraisemblablement perturbé par des cônes de déjection générés par des écoulements torrentiels en provenance de la Montagne noire, a été dévié vers le nord, quelques kilomètres en amont du site. Cet historique mouvementé explique probablement la présence, au sommet du plateau de Roumiguières, d'un épandage continu de galets. Épais d'une quarantaine de centimètres, reposant sur le substrat, cet épandage correspond probablement aux restes d'une ancienne terrasse du Thoré, dont des lambeaux sont également signalés, en position légèrement plus basse

Bulletin de la Société Préhistorique Française

2000, tome 97, n° 4, p. 549-552